Albion et Pointe-aux-Sables en passe de se transformer en zones industrielles

L’express

Devront-ils quitter leurs maisons pour laisser la place aux futures constructions ? Subiront-ils les effets néfastes des projets de développement ? C’est ce que se demandent des habitants de Pointe-aux-Sables et Albion. Ces régions devraient voir l’aménagement d’une usine de fertilisants et d’un «Petroleum Hub», respectivement.

En effet, ces deux régions devraient se transformer en zones industrielles. Au grand dam de certains habitants. Si une petite partie est en faveur des projets qui rehausseront et valoriseront ces lieux, d’autres résidents sont indignés que le choix s’est porté sur ces localités résidentielles. Ils n’hésitent donc pas à brandir pancartes et pétitions ou à organiser des manifestations pacifiques pour faire entendre leur voix…

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, l’a confirmé le 8 novembre, alors qu’il se trouvait au Chantier naval de l’océan Indien. Une jetée pour pétroliers et un terminal de stockage pour le Petroleum Hub seront bientôt construits à Albion.

De quoi, une fois de plus, alerter les habitants d’Albion qui ont déjà déclaré la guerre à ce projet.

Ils s’étaient aussi élevés à maintes reprises contre l’aménagement d’une centrale à charbon par la compagnie CT Power à Pointe-aux-Caves. Ce projet n’a pas abouti, l’État ayant fait marche arrière.

Selon Gervais Manique, qui habite Albion, le Petroleum Hub suscite des craintes. «Quand on voit les reportages dans les pays tels que l’Inde et la Chine, le degré de pollution qui y est causée est apparent. On a peur pour notre île paradisiaque.»

Gervais Manique reconnaît qu’un Petroleum Hub est un atout pour le développement et apportera un soutien financier au pays. Mais il souligne l’autre facette d’une telle initiative :«L’environnement sera perturbé.»

«Quand on voit les reportages dans les pays tels que l’Inde et la Chine, le degré de pollution qui y est causée est apparent. On a peur pour notre île paradisiaque.»

De faire ressortir que lui et les siens sont dans le flou. «Nous entendons dire que des développements se feront mais nous ne voyons rien venir. Nous ne savons si les projets seront en notre faveur. Attendons voir.»

Même réflexion pour Nasser Khobadux. «Quels seront les effets secondaires sur notre région ? Pour le moment, nous l’ignorons. C’est la première fois qu’un tel projet sera mis sur pied.»D’ajouter que les habitants n’ont d’autre choix que de se fier aux suppositions.

Un peu plus loin à Pointe-aux-Sables, les habitants sont aussi aux aguets. Ils craignent pour leur village. Anne-Lise Prosper qui y habite depuis de 30 ans, déclare d’emblée : «Il faisait bon vivre ici. On y respirait l’air frais. Mais maintenant notre région est devenue une poubelle. Les projets qui n’ont pas de place ailleurs, sont envoyés chez nous.»

Ce qui inquiète plusieurs habitants récemment : une usine de fertilisants y sera aménagée par Desbro Trading Ltd. Le Collectif Bien-Être de Pointe-aux-Sables a retenu les services de Veda Baloomoody pour enclencher des procédures en vue de faire stopper les travaux. Toutefois, la compagnie fait, elle, comprendre que l’usine ne nuira pas à l’environnement.

«Il faisait bon vivre ici. On y respirait l’air frais. Mais maintenant notre région est devenue une poubelle. Les projets qui n’ont pas de place ailleurs, sont envoyés chez nous.»

Or, pour Gila Peeroo, porte-parole du collectif, ce projet est un danger potentiel pour les habitants. «Selon nos recherches sur le web, une telle usine devrait être construite à un kilomètre d’une zone résidentielle.» Mais le local qui sera construit se trouve à environ 200 mètres des habitations.

Le collectif a fait circuler une pétition contre ce développement au moment de l’Environment Impact Assessment. «Nous avons même demandé à Landscope Mauritius de ne pas donner à la compagnie le terrain pour cette construction, confie Gila Peeroo. Mais, elle a obtenu le feu vert des autorités et continue ses travaux.»

Anne-Lise Prosper poursuit, elle, que Pointe-aux-Sables est laissée à l’abandon. «Les grands développements ne nous sont pas destinés, ils vont aux autres. Cela nous fait mal.»

Même son de cloche du côté d’autres habitants qui font ressortir que les «belles» initiatives qu’on leur promet, notamment pour la plage de la localité, ne se concrétisent pas. «Nous ne savons pas vers qui nous tourner quand nous faisons face à des problèmes», soutient Will Marianne.

À Albion comme à Pointe-aux-Sables, beaucoup d’habitants espèrent qu’ils n’auront pas à quitter leurs maisons pour laisser la place aux futures constructions.