Port-Louis Waterfront, le souffle du renouveau

Vous êtes-vous baladé sur le nouveau Port-Louis Waterfront? En chantier depuis février 2018, la phase une de ce développement monstre est en cours d’achèvement. Derrière cette transformation, le prestigieux cabinet JFA Architects, qui a notamment travaillé à la rénovation du Château de Bel Ombre et à la construction du Royal Palm Marrakech Hôtel. Mandaté par le géant de l’immobilier Landscope (La futur Cour Suprême de Port-Louis et Riche Terre Business Parks notamment), les architectes et urbanistes de JFA Architects, basés à Floréal, se sont attelés à la rénovation du front de mer de la capitale pendant 18 mois, des “premières analyses urbaines” au “suivi de chantier” en passant par les phases de concept et de design. Ils dévoilent, pour La Isla, les coulisses de ce chantier colossal et tant espéré.

Au programme: refonte totale de l’Esplanade – désormais accueillante pour le piéton et habillée d’un mobilier urbain très design et de quelques palmiers encore trop frêles – et de ses bâtiments adjacents (côté sud, en attendant la refonte de l’Astrolabe, côté nord). Un chantier stratégique au cœur de la capitale: “Le Port-Louis Waterfront est un site urbain primordial dans la capitale, dans l’axe de l’Hôtel du Gouvernement et de la Place d’Armes, le long de l’autoroute M1, et offre une vue imprenable sur le Port,” nous précise l’équipe de JFA Architects, qui s’est inspirée notamment de développements similaires à l’étranger “pour en comprendre les divers éléments qui font d’un waterfront un espace vibrant et vivant”.

Au-delà des attentes de Landscope, JFA Architects s’est concentré sur ce que représente le waterfront pour le grand public. Pour ce faire, les urbanistes ont réalisé une étude auprès d’un panel de mauriciens. Les objectifs établis ? “Relier les espaces entre eux et rendre les cheminements plus fluides, en considérant ce projet non comme un projet isolé mais bien comme un élément d’un contexte plus large, et en créant notamment une vraie symétrie par rapport à la Place d’Armes”. La volonté ? Dynamiser l’espace en apportant “des activités et de la vie sur l’Esplanade”. L’arrivée prochaine du Metro Express, dont le terminal sera voisin, devrait permettre d’alimenter ce dynamisme au-delà des horaires de bureau.

Avec son nouveau look “à la fois bâti et végétal”, le Port-Louis Waterfront est désormais plus moderne. L’architecture géométrique aux lignes simples et épurées en témoigne. Les nouveaux bâtiments construits sur l’Esplanade et le long des rives du Caudan, accueillent de nouveaux espaces de commerces, principalement des snacks, restaurants et bars. Signe encourageant : ces nouvelles adresses de plein air avec vue sur mer font le plein, notamment le vendredi soir après le travail.

Le Port-Louis Waterfront n’est pas qu’un espace commercial. Tout a été pensé par rapport à la mer, pour que la balade piétonne soit la plus douce possible, entre kiosques, bancs et jets d’eau. JFA Architects a ainsi voulu “valoriser la relation à l’eau” …et apporter un souffle de fraîcheur bienvenu dans la capitale.

Alors que la première phase de développement est presque complétée, JFA Architects se dit satisfait du résultat: “Notre plus grande satisfaction, c’est la façon dont les usagers s’approprient ce nouvel espace. Nous espérons que ce n’est qu’un premier pas et que cela donnera de l’élan vers une régénération de la ville de Port-Louis”. Outre les projets de Landscope, le front de mer est bel et bien parti pour devenir le cœur culturel tant attendu. Développé par la compagnie Promotion and Development, Le Caudan Arts Center a ouvert ses portes le 1er décembre 2018. Ashish Beesoondial, directeur artistique des lieux, nous confiait récemment qu’il souhaitait que le Caudan Arts Center rassemble et forme les créatifs de tout univers. Concerts, théâtres, conférences, ce nouveau centre artistique est en lui-même un hub culturel. Un atout important dans la transformation de la capitale et dans la diversité de son offre culturelle.

Les chantiers à venir au Port-Louis Waterfront promettent de continuer sur cette lancée de régénération de Port-Louis. Cette transformation semble déjà enclenchée. Avec l’idée d’attirer un tourisme culturel, la troisième phase de la transformation du port sera axée sur la conversion de l’ancien hôpital militaire et du grenier – sites emblématiques d’un patrimoine mauricien en berne -, en des espaces culturels. Le gouvernement a comme projet, depuis des années, de transformer l’hôpital militaire en un musée de l’esclavage. Le but de Landscope, impliqué sur cette zone, est de capitaliser sur cet environnement riche en culture, incluant notamment l’histoire d’Aapravasi Ghat, afin de développer un tourisme culturel dans la capitale. Une vision positive et sans aucun doute d’avenir.

Au-delà de ces notes d’espoir et de ces initiatives vitales pour le rayonnement de Port-Louis, JFA Architects, fervent défenseur d’une capitale dynamique et culturelle, apporte un bémol: “Nous déplorons le manque de transparence et de vision globale des pouvoirs publics sur le devenir de Port-Louis, et de l’île Maurice en général. Comme dans bien d’autres pays, c’est en créant des plateformes de réflexion, d’échanges et de communication entre secteurs public et privé, que les choses avancent de manière concertée et efficace. Tout projet individuel, aussi beau et pertinent qu’il soit, n’est rien s’il ne s’intègre pas dans une réflexion plus globale, à l’échelle d’un quartier, d’une ville, d’un territoire…”

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